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L’inspirante Anne-Flore Marxer nous présente son film, A Land Shaped By Women

A l’occasion de la sortie de son documentaire “A land Shaped by women”, Anne Flore Marxer a passé quelques jours à Paris. L’occasion de rencontrer cette athlète franco-suisse, aussi connue pour ses prouesses sportives que pour ses prises de parole pour défendre l’égalité hommes-femmes.
C’est une femme enthousiaste, déterminée, positive et sincère qui répond à nos questions sur la genèse de son film, son parcours et son combat pour l’égalité des genres dans le sport et plus largement dans la société. Une égalité qu’elle trouve en Islande, premier pays à légiférer l’égalité salariale en 2018. Portrait.

L’énergie

Quand on rencontre Anne-Flore, on est d’abord surpris et séduit par son énergie. Un sourire franc, un regard serein et déterminé, un débit de parole qui en dit long sur l’effervescence de ses pensées… On se trouve en face d’une femme qui a des choses à dire et pour qui ce film représente beaucoup, en plus d’être ne prise de parole personnelle et authentique.

Anne-Flore, championne du monde 2011 de snowboard freeride, a commencé la compétition dès 17 ans. Elle skie et pratique le snowboard depuis toute petite, en Suisse, où ses grands parents ont un chalet. Elle est douée. Une telle énergie alliée à une discipline que l’on perçoit ne pouvait mener qu’à des exploits.

Mais c’est en Islande que Anne-Flore Marxer est allée se revigorer en 2017, après avoir participé, “sans aucun plaisir” dit-elle, à une énième compétition.

“Le sport nous permet de nous dépasser, d’atteindre des objectifs et de ressentir de la fierté une fois atteints. Il agit sur la confiance en soi et la nourrit et c’est le plus beau cadeau du sport.  Mais j’ai atteint un moment où je ne trouvais plus de challenge dans mon sport.  L’Islande m’a permis de pratiquer le surf, rencontrer des femmes extraordinaires… et donner l’envie de mettre ce périple en image. Le surf apprend l’acceptation et l’humilité de tout recommencer depuis le début. Le surf, c’est l’engagement. Je voulais le montrer dans le film. J’aime cet équilibre entre montagne et océan.”

Le film, son projet

Après un voyage de repérage en 2017, Anne-Flore décide de retourner en Islande, pendant plusieurs mois avec Aline Bock, son amie snowboardeuse pro, et son Van. Suivies par un deuxième Van chargé de matériel pour filmer.[quote font_size=””Je voulais le vivre ce voyage et ne pas penser seulement à l’aspect technique du  film””]” Je voulais le vivre ce voyage et ne pas penser seulement à l’aspect technique du  film”[/quote]. Anne-Flore a souhaité raconter l’équilibre égalitaire de ce pays à travers des portraits de femmes et illustrer ainsi le féminisme positif qu’elle défend depuis le début de sa carrière professionnelle. Entre deux sessions de surf, de snowboards nous offrant des images sublimes, Anne-Flore donne la parole aux femmes qu’elle rencontre et qu’elle choisit pour mettre en lumière cette activisme positif.

Une mise en scène très réussie qui en fait un documentaire puissant et singulier.

[quote font_size=””Je voulais comprendre l’Islande et comment ce pays avait permis aux femmes de s’exprimer…””]”Je voulais comprendre l’Islande et comment ce pays avait permis aux femmes de s’exprimer…”[/quote]

La prise de conscience

Pendant les compétitions, Anne-Flore découvre vite les inégalités de traitement entre hommes et femmes. Les compétitions “slope style” ne sont à l’époque pas ouverte aux femmes, Anne-Flore pourtant douée ne comprend pas. Les prize money ne sont pas les mêmes pour les femmes et pour les hommes. Un événement la marque particulièrement : lors de ses premiers championnats de France, elle voit deux tremplins se dessiner. Le premier, petit, pour les femmes, et le 2ème, plus impressionnant destiné uniquement aux hommes.

“J’ai participé à la compétition puis à la fin, j’ai quand même réussi à me positionner sur le tremplin « masculin ». J’ai exécuté parfaitement un rodéo back 7’2 replaqué. Je n’ai pu m’empêcher de faire ces doigts d’honneur aux organisateurs qui imposaient leurs règles. A commencé ici ma prise de conscience et l’envie d’agir contre ces inégalités.”

Un événement qui résume bien le tempérament d’Anne-Flore. Elle ne fait pas que décrier, combattre, alerter. Elle fait bouger les lignes, interpelle, argumente mais surtout, elle agit ! Elle est “activiste positive” selon ses propres termes. On se souvient de l’article choc de l’excellent magazine on line Neuf Dixième, avec cette photo “World Champion VS Boobs”.
Son film en est la continuité. Une prise de parole plus directe et plus personnelle ou comment faire passer un message très fort de manière douce et efficace.

A partir de ce moment là , elle n’aura de cesse de s’intéresser à la condition des femmes dans le sport mais plus largement dans la société et dans le monde. Et trouve un exemple d’intégration des égalités exemplaire en Islande. Un pays qui la fascine.

L’Islande et les Islandaises

Ni jugée ni stigmatisée, là bas, elle s’y sent bien.
“La vie y est très différente et la vie des femmes particulièrement. Elles font beaucoup de choses ensemble, en groupe. Elles font du sport le matin ou le soir, partent faire du mountain bike ensemble…. Puis, je m’attendais à un hiver rude, une luminosité déprimante… pas du tout. La lumière est magnifique.”

“Les islandaises sont formidables. Elles n’attendent pas qu’on leur donne la permission pour faire quoi que ce soit”

“Nous sommes allées à la rencontres d’adolescentes. Nous avons croisé le chemin d’une jeune femme de 14 ans qui, dans la mouvance du mouvement #MeToo, a publié un poème qui a fait grand bruit en Islande. Il commence ainsi : “J’avais 10 ans la première fois qu’on m’a traitée de pute”. Nous avons aussi poussé les portes d’un collège pour discuter avec des ados. Deux d’entre elles témoignent dans le film et on ressent bien qu’une graine d’empowerment est présente en chacune d’elles.”

Parmi les femmes interrogées par Anne-Flore, on trouve des profils aussi différents qu’inspirants.

Katrin Oddsdottir, avocate spécialisée dans les droits de l’homme et de la femme qui a participé à l’écriture de la nouvelle constitution du pays.

Heida Birgisdottir, fondatrice de la marque de vêtement de sport adaptée pour les femmes NIKITA. Une marque fondée en 1997, qui crée des vêtements adaptés aux besoins des femmes, à une époque où il n’y en existe pas : ” l’industrie ne pensait pas que ça pourrait se vendre, “so I decided to make it myself” ”

Ou encore Vilorg Arna Gissurardottir, polar explorer, une héroïne des temps modernes. Le premier islandais, qui est une femme, à gravir l’Everest. Elle entreprend une Expédition solitaire pour atteindre le pole sud et réaliser son rêve.

Elle nous dit qu’il est important :

  • “d’être en phase avec ses valeurs personnelles”
  • de toujours rester positive
  • d’avoir de la determination car personne ne fera en sorte que tes rêves se réalisent. Si tu ne te lèves pas le matin, ça n’arrivera jamais, jamais.
  • d’avoir du courage”

Pour elle “réaliser ses rêves équivaut à beaucoup de travail, beaucoup d’épreuves et beaucoup de déceptions. Mais si l’on se bat suffisamment longtemps, on atteindra le sommet,  et le sommet peut être n’importe quel objectif. Dès que l’objectif sera atteint. Des opportunités infinies apparaîtront.”

Anne-Flore est féministe et humaniste et son combat rejoint ceux de beaucoup d’entre nous sans que nous arrivions à le verbaliser et la narrer comme elle le fait.

A travers son film, elle donne la parole à des femmes qui l’ont inspirées, et nous inspire nous aussi. Elle nous renvoie aux petites actions que nous devons continuer de mener dans notre quotidien comme aux plus ambitieuses tels que nos projets, nos rêves…

Elle suit son instinct et ses rêves “Je me mets dans ce qui me plait et je le fais de tout mon cœur, je me lance. J’y vais à fond. Je trouve des raisons de vivre et des raisons de me lever le matin qui sont bénéfiques. Des projets plus grands que ma petite personne”
Retrouvez “A Land Shaped By Women” sur http://alandshapedbywomen.com/

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1 Comment

  1. Très bel article.
    Passionnant et très profond.
    On a tous besoin de profondeur.
    Merci Anna

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